Qui êtes-vous ?
- Socrates Georgiades
- Ancien marin, ancien journaliste, amoureux des montagnes, je vis en Indonésie à Bali. Je me passionne actuellement pour le yoga, la méditation, le jeûne et toutes les techniques de développement personnel.
mardi 13 novembre 2012
lundi 10 septembre 2012
dimanche 6 mai 2012
dimanche 1 avril 2012
SUMBAWA Ascension du Tambora en juin 2010
Mont Tambora, la colère des volcans
En rejetant un peu de cendres dans l’atmosphère il y a quelques mois, le petit
volcan islandais Eyjafjöll, du haut de ses 1666 m, nous a rappelé que
l’activité volcanique pouvait avoir des conséquences à l’autre bout du monde,
en semant la zizanie dans les transports aériens et causant ainsi une légère
panique chez les touristes de Bali et d’ailleurs. Nous avons tous dans notre
mémoire collective les éruptions du Vésuve ou du Krakatau mais la plus
importante de l’histoire s’est produite à une heure d’avion de Bali et il y à
peine deux siècles, c’est celle du mont Tambora sur l’île de Sumbawa. En avril
1815, ce volcan est entré en éruption et en trois jours, on estime qu’il a
rejeté 150 km³ de cendres dans l’atmosphère, son altitude est passée de 4100m à
2700m, son cône a été pulvérisé !!! Outre les dégâts importants qu’il a causés
en Indonésie et qui ont été rapportés par Sir Raffles, alors lieutenant
gouverneur de Java, les cendres du Tambora ont refroidi l’atmosphère en Europe
l’année suivante au point qu’on a qualifié 1816 d’année sans été, c’est ce
qu’on appelle dans le langage moderne, un hiver nucléaire. Les conséquences ont
été tellement catastrophiques sur les récoltes en Europe que la famine a causé
la mort de près de 200 000 personnes dont 80 000 en Angleterre !
L’actualité islandaise nous a fait nous intéresser à ce volcan Tambora, nous avons donc organisé un trek d’une semaine au mois de juin avec quelques amis pour entreprendre son ascension. La montée, au départ du village de Pancasila (400 m), se déroule presque intégralement à travers une très belle forêt pluviale qui a bien sûr repoussé depuis deux siècles. Quelques surprises nous attendaient. Vers l’altitude de 1200m, des sangsues par milliers, à l’affût sur des feuilles, guettant leurs proies à sang chaud. Ces bestioles hermaphrodites s’infiltrent à travers les chaussures par les œilletons des lacets ou à travers les chaussettes. On a beau les brûler, elles injectent un anti-coagulant et on continue à saigner… Pour l’ascension finale d’une durée de 4 heures, le réveil a sonné à une heure du matin. Le sentier vers le sommet traverse vers 2000 m des forêts d’orties géantes, urticantes bien évidemment, on se convainc que c’est formidable pour la circulation du sang… Environ 400 m avant le sommet, on quitte la forêt, un dernier coup de reins et on arrive au bord de la caldera, dans le noir et le froid. Et puis le soleil se lève et fait monter en nous une joie profonde que partagent tous ceux qui atteignent les sommets au petit matin. Au fond du cratère, quelques fumeroles, le lieu est grandiose, vierge comme au premier jour, battu par le vent, comment imaginer que ce lieu si paisible a pu causer une telle désolation dans le monde deux siècles plus tôt ?
Article paru dans La Gazette de Bali juillet 2010
http://www.lagazettedebali.info/journal/articles/carnet-de-voyages/mont-tambora-sereine-poudrie%CC%80re.html
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Infos pratiques: il y a deux aéroports à Sumbawa mais le plus sûr est de se poser à Bima et de louer une voiture pour rejoindre la péninsule de Sanggar, environ 150 km par une route totalement défoncée, ça nous a pris plus de 6 h !!! Nous n'avons pas voulu passer par Sumbawa Besar parce que ça impliquait un trajet en bateau extrêmement dangereux vers Calabai. Nous ne vous donnerons pas le contact de notre guide au départ de Pancasila parce que la prestation était minable, personne pour préparer le déjeuner, les porteurs se gardaient la nourriture pour eux, une catastrophe et qui plus est, c'était cher !
L’actualité islandaise nous a fait nous intéresser à ce volcan Tambora, nous avons donc organisé un trek d’une semaine au mois de juin avec quelques amis pour entreprendre son ascension. La montée, au départ du village de Pancasila (400 m), se déroule presque intégralement à travers une très belle forêt pluviale qui a bien sûr repoussé depuis deux siècles. Quelques surprises nous attendaient. Vers l’altitude de 1200m, des sangsues par milliers, à l’affût sur des feuilles, guettant leurs proies à sang chaud. Ces bestioles hermaphrodites s’infiltrent à travers les chaussures par les œilletons des lacets ou à travers les chaussettes. On a beau les brûler, elles injectent un anti-coagulant et on continue à saigner… Pour l’ascension finale d’une durée de 4 heures, le réveil a sonné à une heure du matin. Le sentier vers le sommet traverse vers 2000 m des forêts d’orties géantes, urticantes bien évidemment, on se convainc que c’est formidable pour la circulation du sang… Environ 400 m avant le sommet, on quitte la forêt, un dernier coup de reins et on arrive au bord de la caldera, dans le noir et le froid. Et puis le soleil se lève et fait monter en nous une joie profonde que partagent tous ceux qui atteignent les sommets au petit matin. Au fond du cratère, quelques fumeroles, le lieu est grandiose, vierge comme au premier jour, battu par le vent, comment imaginer que ce lieu si paisible a pu causer une telle désolation dans le monde deux siècles plus tôt ?
Une sangsue gorgée du sang d'Anika |
Article paru dans La Gazette de Bali juillet 2010
http://www.lagazettedebali.info/journal/articles/carnet-de-voyages/mont-tambora-sereine-poudrie%CC%80re.html
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Infos pratiques: il y a deux aéroports à Sumbawa mais le plus sûr est de se poser à Bima et de louer une voiture pour rejoindre la péninsule de Sanggar, environ 150 km par une route totalement défoncée, ça nous a pris plus de 6 h !!! Nous n'avons pas voulu passer par Sumbawa Besar parce que ça impliquait un trajet en bateau extrêmement dangereux vers Calabai. Nous ne vous donnerons pas le contact de notre guide au départ de Pancasila parce que la prestation était minable, personne pour préparer le déjeuner, les porteurs se gardaient la nourriture pour eux, une catastrophe et qui plus est, c'était cher !
LOMBOK Ascension du Rinjani en août 2008
Le mont Rinjani nous faisait rêver depuis longtemps. Une petite incursion dans les magasins spécialistes de montagne au bout de Diponegoro pour compléter l’équipement et nous voilà parés pour affronter ce qui est présenté par le Guide du Routard comme « une randonnée particulièrement difficile » ! Des copains nous ont mis en garde contre la dernière partie de l’ascension dans des cendrées, certains ont même rebroussé chemin avant le sommet, nous apprendrons que seuls 10% à 15% des randonneurs atteignent les 3746 m.
vue depuis la route de Sembalun |
Formalités administratives, le temps passe, nous sommes impatients de nous élancer. Les porteurs embarquent une véritable cuisine de campagne, de l’eau, des tentes et du matériel, pas loin de 40 kg pour certains !
Ca y est, nous sommes partis. Il fait chaud. Stéphane peste en se rappelant qu’il a failli apporter un pantalon de ski. Nous traversons des champs puis une forêt, une vraie promenade de santé. Arrêt pour le premier déjeuner au pos tiga. Les porteurs allument un feu de bois, font chauffer du thé à la rose pour nous faire patienter et nous servent un délicieux mie soto et une salade de fruit.
Après le repas, l’effort commence véritablement, nous traversons les nuages en cheminant dans du sable. Dès que nous nous arrêtons, le froid nous saisit. Anika file devant, une vraie chèvre bondissante, elle nous a prévenus qu’elle arriverait la première au somment le lendemain matin, nous avons vite compris qu’il était inutile de rivaliser avec une championne de triathlon. Tout le monde nous passe devant, il faut dire que la plupart des randonneurs ont remis leurs effets aux porteurs, ils pèsent 10 kg de moins que nous. Le guide nous attend patiemment avec son fils de 11 ans. Je demande si l’étape du lendemain matin sera encore plus dure, il me fait signe que oui. Nous arrivons finalement au camp de base, épuisés. Nous sommes juste au-dessus des nuages, face au lac du volcan, un spectacle magnifique. Nous reprenons des forces, enfilons toutes nos affaires chaudes. Les porteurs font ronfler le feu de bois pour préparer le dîner.
Au sommet avec Stéphane Le Baube et Jean-jacques Audureau |
Le lac Segara Anak et le nouveau volcan Barujari |
Descente tout schuss dans le pierrier |
http://www.lagazettedebali.info/journal/articles/carnet-de-voyages/a-l-assaut-du-rinjani.html
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Infos pratiques : Le parc naturel du Rinjani n’est ouvert que pendant la saison sèche, il vient de passer en septembre géopark sous l’égide de l’Unesco, tout comme 53 autres sites montagneux dans le monde en raison de sa beauté et de la gestion de son site. Le trek s’organise très facilement sur trois ou quatre jours, il coûte environ 1.6million par personne, dégressif à partir de trois. Pour toute information, contactez Pak Roni (coordinateur): 081 917 371 881 ou bien Pak Alam notre guide : 081 91 71 93 319. www.lomboktrekking.com
FLORES A l'assaut de l'Ebulobo et de l'Inerie mai 2011
A gauche, l'Inerie ; à droite, l'Ebulobo |
Grâce aux conseils avisés de Thierry Robinet et de Jean-Marie Bompard du Natural Guide Bali Lombok Flores Sumba, nous avons pu entreprendre leur ascension au mois de mai dernier avec un groupe d’amis.
Le village de Bena pendant une cérémonie |
L'attente à 2h300 du matin à Bena |
Au sommet de l'Inerie avec Jean-jacques audureau et Valérie Sermet |
L’ascension de l’Inerie est beaucoup plus longue que prévue mais, au fur et à mesure que le jour se lève, nous sommes emportés comme toujours par la beauté du spectacle de la nature et du lever de soleil. Enfin, nous arrivons sur la caldeira et seuls trois d’entre nous atteindront le sommet à 2227m, après un passage assez abrupt où tout faux pas est interdit.
La grande difficulté de ce volcan réside dans la descente, incroyablement glissante, nous ne comptons plus les chutes mais tout le monde en sortira indemne y compris Dominique qui avait perdu les ongles de ses orteils un an plus tôt sur le Tambora !
Mais à grande difficulté, grande récompense. Notre excellent chauffeur Pak Nikolaus nous conduit aux plus extraordinaires sources d’eaux chaudes jamais expérimentées en Indonésie. Deux rivières, l’une froide, l’autre brûlante se rejoignent à quelques kilomètres de là pour former le plus délicieux des bains, nous sommes seuls au milieu de cette nature intacte et non encore domestiquée. Jamy et Anika se baignent, deux Eve pour un jardin d’Eden, notre périple se termine, Flores mérite plus que 5 jours, nous reviendrons dans cette île magnifique.
La jonction des rivières chaude et froide |
Visite du Kelimutu avec ses lacs aux trois couleurs |
Article paru dans la Gazette de Bali août 2011
http://www.lagazettedebali.info/journal/articles/carnet-de-voyages/a-l-assaut-de-l-ebulobo-et-de-l-inerie-a-flores.html
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Infos pratiques: Pour réaliser ce périple, il est indispensable de se procurer le guide Bali Lombok Flores Sumba Sumbawa, The Natural Guide, aux éditions Pages du Monde (pages 539 à 548). L’aéroport le plus proche est celui de Bajawa mais nous avons opté pour celui d’Ende relié depuis Bali par les compagnies Merpati, Transnusa et Batavia Air. Numéro de téléphone de Pak Nikolaus, notre chauffeur : 085 239 045 678 Hébergements : A Boawae (près de l’Ebulobo), gîte Sao Asih tenue par Ibu Joséphine. Tel. 081 339 474 289 A Bajawa (près de l’Inerie), hôtel Wisma Kembang et notre ami Sipri. Tel. 0384 21 072 Mention spéciale pour l’ambiance chaleureuse de chalet suisse du restaurant Lucas à Bajawa.
BALI mont Agung 2010
LA
TETE DANS LES NUAGES ET LES PIEDS SUR LE MONT AGUNG
Cette fois c’est décidé, une petite escapade au Mont Agung me fera du bien et m’entraînera loin de cette chaleur tropicale. Autant mettre les choses au clair : je ne mets pas souvent les pieds en montagne et la dernière ascension était celle du Bromo. Rien à voir avec ce qui m’attendait ici, à commencer par ces 4 litres et demi d’eau qui me donnent l’impression que mon sac est rempli de briques.
La rando commence à 23h au pura Besakih après un repos d’une heure et demie dans un losmen pas très confortable, mais je suis trop excité pour me soucier de ça. Le complexe de temples est complètement vide, seuls les chiens semblent hanter le lieu. Dans la nuit noire et quelques peu inquiétante avec le bruissement de la végétation, je ne vois pas plus loin que le faisceau de ma lampe frontale à un mètre devant moi. Sans autre repère, il faut quand même grimper, une expérience forte où le mental devient primordial. A moins d’une heure de marche, première pause pour déposer quelques offrandes et je découvre que je ne suis pas le seul à avoir des suées. Je comprends maintenant l’utilité des trois bouteilles d’eau. Le chemin se rétrécit de plus en plus et se raidit en même temps. Quelle idée aussi de faire des sentiers tout droit jusqu’au cratère plutôt que de serpenter dans la montagne ! Je me fais allégrement distancé par Didier, Socrate, Sandra, Anika et Valérie, ces dernières papotent même en marchant et, pourtant loin du cliché de l’alpiniste avec ces bâtons dans chaque main et ses 40 kg dans le dos, je dois reprendre mon souffle tous les 20 m. Derrière, Dominique est bien en compagnie de deux guides. Je me retrouve complètement livré à moi-même, laissant en moi s’insinuer des doutes quant à mes capacités à atteindre le sommet. Surtout quand on se retrouve à un croisement entre deux chemins et la seule indication est en sanskrit !
Petit à petit, le froid se fait sentir, surtout pendant les pauses. Ramper, escalader, marcher à quatre pattes, je ne sais même plus quel mot employer pour les derniers mètres de dénivelé sur un sol extrêmement friable qui m’achèvent dans un vent froid insupportable. La dernière partie est complètement pelée, constituée essentiellement de coulées de lave refroidies et en proie à de fortes rafales de vent balayant les nuages aux formes improbables. Il faut cheminer sur une crête pour arriver au cratère mais les vents forts nous en empêchent, menaçant de nous envoyer dans le précipice vertigineux. En lot de consolation, ces vents nous offrent le spectacle unique de cet immense nuage lenticulaire qui stationne au-dessus de nos têtes. Il faudra rebrousser chemin avant d’avoir atteint le point culminant à quelques mètres de là et le moral en prend un coup. Après tout, grimper un volcan est aussi une question de fierté.
Heureusement le jour se lève et les rayons de soleil percent un voile légèrement brumeux. Le panorama est impressionnant : à droite le mont Batur et son cratère paraissent tout droit sortis d’une maquette, à gauche on aperçoit Nusa Penida et Lembongan pas plus grandes qu’un galet. Toute l’île est à portée de vue et on se sent minuscule face au décor s’étirant à l’infini. Je comprends maintenant pourquoi les Balinais ont choisi cette montagne comme lieu de dévotion, elle impose le respect. C’est un spectacle qui se mérite. Loin de la douceur habituelle à laquelle nous sommes habitués se cache une nature peu accueillante.
La descente est sans doute encore plus difficile que la montée. D’abord parce qu’il fait jour et alors qu’avant je cheminais dans le noir total, maintenant je me rends compte de la distance et de la hauteur vertigineuse à laquelle on est, ce qui la rend interminable. Ensuite parce qu’il faut sans cesse se battre contre son propre poids et avancer à petits pas ou même sur les fesses, enjamber les racines à plus d’un mètre de haut et passer sous les troncs d’arbres. Encore une fois, la troupe m’a distancé et je dois descendre seul. Epuisé par la nuit blanche et la montée, transi de froid, j’ai arrêté de penser et mes jambes fonctionnent toutes seules tel un robot. A 2000 mètres d’altitude, je rencontre un singe qui se jette sur les biscuits que je lui lance. Petit à petit les pins laissent place aux fougères arborescentes et une végétation luxuriante, ainsi que la chaleur et l’humidité qui l’accompagnent. Il est un peu plus de 13h, nous sommes partis depuis presque 14h, retour sur le plancher des vaches après avoir mis les pieds dans le domaine des dieux. En fait, j’ai menti, je n’ai pas fait la descente seul, mais avec une sangsue que j’ai retrouvée plus tard dans ma chaussette…
Géraud Beaudonnet
Article paru dans la Gazette de Bali janvier 2011
http://www.lagazettedebali.info/journal/articles/carnet-de-voyages/la-tete-dans-les-nuages-et-les-pieds-sur-l-agung.html
Cette fois c’est décidé, une petite escapade au Mont Agung me fera du bien et m’entraînera loin de cette chaleur tropicale. Autant mettre les choses au clair : je ne mets pas souvent les pieds en montagne et la dernière ascension était celle du Bromo. Rien à voir avec ce qui m’attendait ici, à commencer par ces 4 litres et demi d’eau qui me donnent l’impression que mon sac est rempli de briques.
La rando commence à 23h au pura Besakih après un repos d’une heure et demie dans un losmen pas très confortable, mais je suis trop excité pour me soucier de ça. Le complexe de temples est complètement vide, seuls les chiens semblent hanter le lieu. Dans la nuit noire et quelques peu inquiétante avec le bruissement de la végétation, je ne vois pas plus loin que le faisceau de ma lampe frontale à un mètre devant moi. Sans autre repère, il faut quand même grimper, une expérience forte où le mental devient primordial. A moins d’une heure de marche, première pause pour déposer quelques offrandes et je découvre que je ne suis pas le seul à avoir des suées. Je comprends maintenant l’utilité des trois bouteilles d’eau. Le chemin se rétrécit de plus en plus et se raidit en même temps. Quelle idée aussi de faire des sentiers tout droit jusqu’au cratère plutôt que de serpenter dans la montagne ! Je me fais allégrement distancé par Didier, Socrate, Sandra, Anika et Valérie, ces dernières papotent même en marchant et, pourtant loin du cliché de l’alpiniste avec ces bâtons dans chaque main et ses 40 kg dans le dos, je dois reprendre mon souffle tous les 20 m. Derrière, Dominique est bien en compagnie de deux guides. Je me retrouve complètement livré à moi-même, laissant en moi s’insinuer des doutes quant à mes capacités à atteindre le sommet. Surtout quand on se retrouve à un croisement entre deux chemins et la seule indication est en sanskrit !
Petit à petit, le froid se fait sentir, surtout pendant les pauses. Ramper, escalader, marcher à quatre pattes, je ne sais même plus quel mot employer pour les derniers mètres de dénivelé sur un sol extrêmement friable qui m’achèvent dans un vent froid insupportable. La dernière partie est complètement pelée, constituée essentiellement de coulées de lave refroidies et en proie à de fortes rafales de vent balayant les nuages aux formes improbables. Il faut cheminer sur une crête pour arriver au cratère mais les vents forts nous en empêchent, menaçant de nous envoyer dans le précipice vertigineux. En lot de consolation, ces vents nous offrent le spectacle unique de cet immense nuage lenticulaire qui stationne au-dessus de nos têtes. Il faudra rebrousser chemin avant d’avoir atteint le point culminant à quelques mètres de là et le moral en prend un coup. Après tout, grimper un volcan est aussi une question de fierté.
Heureusement le jour se lève et les rayons de soleil percent un voile légèrement brumeux. Le panorama est impressionnant : à droite le mont Batur et son cratère paraissent tout droit sortis d’une maquette, à gauche on aperçoit Nusa Penida et Lembongan pas plus grandes qu’un galet. Toute l’île est à portée de vue et on se sent minuscule face au décor s’étirant à l’infini. Je comprends maintenant pourquoi les Balinais ont choisi cette montagne comme lieu de dévotion, elle impose le respect. C’est un spectacle qui se mérite. Loin de la douceur habituelle à laquelle nous sommes habitués se cache une nature peu accueillante.
La descente est sans doute encore plus difficile que la montée. D’abord parce qu’il fait jour et alors qu’avant je cheminais dans le noir total, maintenant je me rends compte de la distance et de la hauteur vertigineuse à laquelle on est, ce qui la rend interminable. Ensuite parce qu’il faut sans cesse se battre contre son propre poids et avancer à petits pas ou même sur les fesses, enjamber les racines à plus d’un mètre de haut et passer sous les troncs d’arbres. Encore une fois, la troupe m’a distancé et je dois descendre seul. Epuisé par la nuit blanche et la montée, transi de froid, j’ai arrêté de penser et mes jambes fonctionnent toutes seules tel un robot. A 2000 mètres d’altitude, je rencontre un singe qui se jette sur les biscuits que je lui lance. Petit à petit les pins laissent place aux fougères arborescentes et une végétation luxuriante, ainsi que la chaleur et l’humidité qui l’accompagnent. Il est un peu plus de 13h, nous sommes partis depuis presque 14h, retour sur le plancher des vaches après avoir mis les pieds dans le domaine des dieux. En fait, j’ai menti, je n’ai pas fait la descente seul, mais avec une sangsue que j’ai retrouvée plus tard dans ma chaussette…
Géraud Beaudonnet
Article paru dans la Gazette de Bali janvier 2011
http://www.lagazettedebali.info/journal/articles/carnet-de-voyages/la-tete-dans-les-nuages-et-les-pieds-sur-l-agung.html
JAVA Semeru mai 2009
BALADE DANS LE PARC DU BROMO TENGGER SEMERU
Le trek a démarré à Ranu Pani, au cœur du parc national du Bromo Tengger Semeru. Nous avons été reçus par Pak Sarmin, le chef des gardes forestiers qui a organisé notre balade et prévu nourriture, guide et porteurs. Dépaysement assuré avec les premiers repas pris dans un bâtiment au milieu duquel brûle un feu de bois pour cuire les aliments et se réchauffer, il n’y a pas de cheminée ici, la fumée s’échappe par tous les interstices. Le lendemain, notre petit groupe d’amis s’ébranle pour une première marche jusqu’au lac Ranu Kumbolo où nous camperons. C’est le début de la saison, la végétation a envahi le petit sentier que nous empruntons, nous devons nous frayer un chemin au milieu des graminées en fleurs et des fougères arborescentes. A la seconde halte, notre porteur cuistot improvise un feu de brindilles pour nous faire chauffer un café. Nous poursuivons notre route au milieu d’une végétation d’altitude exubérante, nous remarquons des orchidées sauvages sur des arbres centenaires. Après plus de trois heures de marche tranquille, nous arrivons donc au petit lac de Ranu Kumbolo dans lequel nous nous baignerons peu après. A 2200 m, l’eau revigore. Il n’y aura pas de poisson au menu, nos porteurs pêcheurs sont rentrés bredouilles, mais une bonne soupe préparée au feu de bois.
Le lendemain matin, après une nuit passée sous la tente, nous continuons notre chemin jusqu’au pied du Semeru, plus de deux heures de marche pour franchir deux cols et découvrir un cône de lave vraiment impressionnant. Enfin, nous sommes à ses pieds, la montagne sacrée des hindous qu’on nomme d’ailleurs sur la carte Mahameru, la grande montagne ! Un coq de bruyère nous nargue, un peu plus loin nous entendrons des sangliers mais aucune trace de cette panthère qu’on dit encore vivre dans le parc. Au retour, nous traversons un paysage magnifique d’herbes au reflet argenté qui débouche sur une montée bien raide, nous sommes talonnés par nos porteurs, tout se déroule dans la bonne humeur. La nuit venue, nous franchirons en 4x4 Toyota le désert de sable du Tengger. Le lendemain matin, réveil à 4 h pour monter sur le Penanjakan à 2770m observer le spectaculaire lever de soleil sur le Bromo tout fumant et le Semeru qui domine cet ensemble d’une beauté unique.
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Infos pratiques: Contactez Pak Sarmin, chef des gardes forestiers de Ranu
Pani au 081 233 66 329 ou (0341) 78 73 29 Rani_malang@yahoo.com
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